Choix du NUMÉRO
J.S.O. n°033
NUMÉRO ETE 2007


T.Boutonnier-Lagroce
THAT´S WHEN THE FUN BEGAN ENLARGE YOUR PRATICE
L´ARLESIENNE - LES RENCONTRES D´ARLES 2007
ALBERTO GARCIA-ALIX " MON CÔTÉ FÉMININ " les rencontre d´arles
ALUN WILLIAMS " AUX ÉTOILES DISPARUES "
Coupes, tyrannie de l´optique. L´oeil obcur de la chair voit sans ouvrir - Sylvie Pic
CAHIER DETACHABLE
FESTIVALS DE POESIE ET DE PERFORMANCES :
NIPAF : à propos de
P A S D P A N I Q U E - DE LA DIVERSITÉ DE L´ART DES CORPS
M E X I Q U E - EL MES DEL PERFORMANCE : MÉXICO
L´EVENEMENT - UN JOURNAL DE LODEVE
A MALINDI (KENYA) - LA PREMIÈRE ÉDITION DE LA BIENNALE D´ART CONTEMPORAIN
OPA : On Performance Art - GRÈCE "OPA" : OPération Ambitieuse
PERFORMANCEX6 - VIDÉO & ARTS NUMÉRIQUE
NOHANT DANS LES JARDINS DE MADAME GEORGES - UN RENDEZ-VOUS (LE 6ÈME)












SOMMAIRE

THAT´S WHEN THE FUN BEGAN - ENLARGE YOUR PRATICE



The Straight Edge, 225, Fabien Giraud - Crédit photo Alexandre Roche
THAT´S WHEN THE FUN BEGAN
ENLARGE YOUR PRATICE


C´était à l´évidence l´expo de l´été à Marseille, celle qu´il fallait voir d´urgence, celle qui était la mieux accordée à l´air du temps, un air pas aussi fun et divertissant qu´annoncé, mais des plus énergétiques quand même. Le propos de Jean-Max Colard, Claire Moulène et Mathilde Villeneuve, de [S]extant et plus, les commissaires de l´expo, était de montrer les productions de la culture adolescente dans tous ses états sans céder au " teenagérisme " ambiant. Du skate aux jeux vidéo, de l´heroic fantasy à la consommation de films porno, Second Life et Jackass, de YouTube et Windows express, de l´usage délictuel du portable à la fascination pour les sports de combat, des paris idiots aux actions les plus banales, de la solitude du dimanche après midi à la manif, des fins de concert aux infrabasses du self tuning, mais aussi du spectacle de la guerre et de la torture (avec détour obligé par Abou Ghraïb) aux fantômes du terrorisme, l´expo était un formidable terrain de fouille pour les historiens du présent. Une aubaine pour les sondeurs de l´imaginaire de masse et les sociologues de l´art d´aujourd´hui. Avant même d´accéder à la galerie du 2ème étage, Enlarge your practice, (comme mon ordinateur ne manque pas de me le rappeler) faisait entrer le visiteur dans la drôle de Sérénade, 2006 de Jim Skuldt. Imaginez dans le noir, une batterie de baffles posées au sol, en train de s´accorder ou d´achever de purger sa sono d´enfer. De l´autre côté, Over-Drive 2003 l´installation vidéo de Olivier Dollinger avait des airs de pub chic pour matériel made in USA avec ses belles gueules et ses belles bagnoles vidéoprojetées. Mais il fallait s´avancer dans le noir. Fatalité des expos vidéo, l´obscurité est leur marque de fabrique, leur ton général expédiant le White cube dans le musée des period rooms, avant d´y faire leur entrée à leur tour. Le visiteur zigzague d´écrans en écrans, de toutes sortes de taille, de toutes sortes de bandes son, jusqu´au plus imperceptible, mais toujours dans le noir, muni d´un flyer aux caractère microscopique comme pour lui signaler qu´il n´est plus temps de lire, que l´air du cartel, de la légende ou du texte est révolu (l´expo, c´est devenu une règle, fait aussi l´économie du catalogue). En tâtonnant sur le désormais insubmersible plateau noir, on bute au hasard contre le Riding Modern Art, 2005 de Raphael Zarka, façon virile de fréquenter les sculptures contemporaines en leur skatant dessus, histoire aussi, peut-être, d´en finir, par une pirouette, avec les discours professoraux sur " la place du spectateur ". Mais The Straight Edge, 2005, l´espèce de mêlée faussement agressive, projetée sur grand écran, de Fabien Giraud, vous tirait l´œil assez vite (intériorisé par tous les artistes, l´obligation de faire vite, au-delà d´un délais d´environ 3 à 4 mn, rares étaient les films à dépasser le quart d´heure comme ceux de Brody Condon, Alain Della Negra & Kaori Kinoshita ou Cyprien Gaillard), le " format " le plus constant est très court et passé en boucle. D´où, au bout de quelques minutes, la sensation de déjà vu qui finit par hanter toutes les images, comme si le jamais vu était à jamais aboli, comme si la première fois s´épuisait aussitôt dans la redite, à la façon d´un poste de télévision d´une chaîne d´info qui resterait allumée en permanence. Mais dans un coin, sur une toute petite télé des années 70, Julien Prévieux, vous distrayait de ces trop évidentes mises en scènes par la séquence indéfiniment répétée du Crash test du garçon qui se cogne contre tout ce qu´il rencontre, une vraie manie, comme celle de se rouler par terre dans des Roulades persévérantes qui durent faire sourire Julien Blaine, autrement physique rouleur des marches de la gare Saint-Charles, il y a des adolescences d´ici. On apprécie ou non l´idée mise en boucle.Au sol, des tortillons d´étoffe multicolores déroulaient la Spiral tribe d´Andrea Crews sous un improbable défilé de mode signé Maroussia Rebecq, non loin du manteau Boptile d´Emmanuelle Lainé ; rare présence des filles dans ce vestiaire de garçons.

Olaf Breuning ´King 2000´ Photo Alexandre Roche

Selon la logique du bon vieux flipper (auquel on était tenté de comparer l´expo toute entière) ce chevalier en miettes, ce King 2000 échoué devant la vidéo de ses aventures en plein désert du Texas et signé Olaf Breuning vous donnait aussitôt l´idée d´aller voir de plus près son espèce de jeu vidéo grandeur nature, donquichottesque à souhait sans en rapporter plus que ça. Le monde virtuel ne va pas sans déserts, c´est connu, et sans expérience du vide. Alors un peu perdue, la balle du flipper manquait plusieurs écrans, s´en retournait vers ses " favoris " comme sur le net, jusqu´au déjà canonique Purgatoire, 1991 de Pierre Joseph montrant un adolescent esseulé, assis sur un banc, comme après un dernier After, dans la pose du Faune Barberini. Comparé aux petits films de téléphone, assez nombreux alentours, Friendly Fire, 2007 de Fabien Giraud et Raphël Siboni, passait presque pour un blockbuster. Tourné au Palais de Tokyo avec une troupe de figurants en costume de Gantanamo, de GI et d´équipe de santé, à coup de travellings esthétisants, institutionnels, un peu trop virtuose à mon goùt, le " feu ami " jouait sur grand écran à un Irak aussi déréalisé que les images de CNN.

Lionel Scoccimaro ´Mini Surf Car´ 2003  Photo Alexandre Roche

Dans les Cathédrales du rez-de-chaussée, la vidéo cédait en partie du terrain à l´installation pas vraiment convaincante et passablement potache de Lionel Scoccimard intitulée Customed Palm Tree, 2007, un palmier enguirlandé de casques de moto perché sur un faux tas de sable ou sa Mini surf car 2003 accessoirisée comme dans une pub et Land Escape 2007, la reconstitution à l´échelle 1 d´un toit d´immeuble par Bad Beuys entertainment, jonché de bouteilles vides exactement comme à Marseille. En sortant des Cathédrales, les engins garés le long de la voie ferrée ne semblaient plus tout à fait aussi innocents qu´auparavant. Et si, se disait-on, à force de tirer sur l´inusable fil du réel et de l´imaginaire, les plus fun, les plus drôle, les plus imaginatifs, les plus déjantés des artistes émergents, faisaient bien autre chose que de bien s´amuser ? Pour dire c´est maintenant que les ennuis commencent, ou c´est là que ça a commencé à barder, l´anglais américain (adopté par à peu près tout le monde) utilise la bonne formule : That´s when the fun began.

Xavier Girard


Exposition du 7 juillet au 14 septembre 2007
La fondation d´entreprise Ricard présentera un second volet de l´exposition à l´espace Paul Ricard à Paris en 2008
La Friche de La belle de mai
41 rue Jobin, 13003 Marseille


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SOMMAIRE

L E S R E N C O N T R E S D ´ A R L E S 2 0 0 7



Anay Mann
L´ A R L E S I E N N E

       Les expositions internationales de photos présentent le caractère contradictoire de vouloir montrer le plus possible et d´ériger des grilles de lecture fluctuantes selon les modes. Les Rencontres d´Arles n´y coupent pas. L´invasion de la Chine atteint tous les domaines : de la confection à l´industrie automobile et l´informatique en passant par l´art contemporain et l´interprétation musicale. Le choix des commissaires laisse une fois de plus pantois : les Gao Brothers travaillent sur les stigmates de la Chine de Mao et mettent en boîte (au sens strict du mot) des corps nus, compactés dans un casier géant formé d´armoires et de commodes aménagés. Rébus alvéolaire qui suggère la théâtralité, le regroupement. La couleur verdâtre des corps complices rangés dans un tableau d´épices, la constante sollicitation à l´effet de masse, au groupe, à la constellation, fatiguent et lassent. La Chine n´est pas pionnière. La sécheresse et le manque de ruse habite aussi des grands formats d´immeubles, des réunions de foule prises au grand angle. Gigantisme et multitude : les clichés éculés que nous pouvions trimbaler sur « l´éclosion chinoise » sont là tous convoqués et servis.

      La bonne surprise vient de l´Inde, autre puissance émergente dans le domaine des services. Variété de prises de vues, majesté et humilité, rayonnement de l´intériorité. Le choix des cadres et des formats, la subtilité des sujets et des atmosphères. Pour le 60 ème anniversaire de son indépendance, le sous-continent indien se retrouve invité. Autant les travaux chinois du Darshanzi Art District nous semblent empruntés et convenus, scolaires et assez creux, la liberté de ton des photographes hindous est signifiante.

     Que ce soient Anay Mann qui parle de « mise en scène de la représentation de ses rituels domestiques » et a construit pendant cinq ans un dispositif autour de sa femme Naetika où on la voit étendre le linge, regarder par la fenêtre, Madone contemplative dans la cuisine ; Pablo Barthelemew plus âgé, au nom d´un héros de Hugo Pratt, qui a revisité sa photothèque des années 70 et exhumé des trésors sur la défonce et la grisaille de l´Inde ou encore Nony Singh et sa fille Dayanita qui utilisent un format carré de 40 x 40 de toute beauté, sur l´enfance au Pakistan et la mutation des formes, des petites filles carroliennes et la graduation du déclin des prestations artistocratiques, nous avons affaire là à quelque chose qui échappe au clin d´œil.

      Même si une certaine fatigue envahit le spectateur dans le marathon de plus de 17 lieux dispersés dans la ville d´Arles et sa périphérie, avec les mêmes gens de la profession, appareil en bandoulière, qui chaque année sillonnent les Alyscamps, même s´il est déconseillé de se payer en entier la noria des 35 000 photos et de prévoir plusieurs tours de piste, la collation se révèle étouffante. 

Nony Singh

      Qu´un média aussi prolifique et glouton que la photographie, argentique et numérique peu importe, ait besoin de se congratuler massivement, cela peut se comprendre. Mais la surcharge, la volonté exhaustive de vouloir drainer 50 000 spectateurs comme l´année dernière et de faire vivre en nuitées d´hôtel et en limonade la communauté arlésienne afin d´asseoir l´équilibre des subventions des institutions Département, Ville, Région et Ministère, donnent a contrario un goût de trop plein, de saturation. Comment discerner, goûter avec raison et sérénité tel travail plus que tout autre ? La promiscuité entre les genres ne permet pas une conduite autonome dans le jugement.

Photo d´art, photo reportage, photo documentaire.
Vieux fonds sortis des limbes ou sarcophages, collections exiguës.
Le nivellement entre  ces trois formes prend de drôles de proportions.

Le besoin d´illustrer, d´accrocher le regard, prodigue forcément de la complaisance : les thèmes compassionnels (enfants dépenaillés, travailleurs indigents et opprimés, laissés pour compte) y passent ; une certaine congestion morale consternante dans les deux tiers des choses exposées. Pleurnicherie consensuelle, misérabilisme protégé et léché, manque de variété des problématiques. A partir du moment où l´on voit (est-ce le mot ?) mille photos, l´on s´aperçoit de la prégnance des référents. L´impérialisme du photo-journalisme qui distribue les indulgences et repentances, indique quoi ressentir et comment, induit le comportement des commentateurs et présentateurs. A cet égard, la prose d´A. W curateur pour le domaine indien vaut son pesant de cacahuètes périmées ; en parlant de Pablo Bartholemew qui ne mérite pas ce type de baliverne digne d´une réplique de Pécuchet répondant à l´impayable Bouvard croqué par Flaubert : « il a offert à son avenir un étrange présent : son passé. »

Incapable d´échapper à la sauce ethnographique qui enfile des perles tel un guide touristique branché, ce mode d´emploi pataud et didactique permet d´éviter soigneusement de pointer l´affranchissement des clichés dans le travail de Nany Mann, en quoi la béatification de l´indice fait valser l´idéogramme ou pictogramme, comment la réalisation du bonheur sur terre se vante, se vend et se décline et n´est en quelque sorte qu´une palinodie du narcissisme gonflé aux anabolisants de cet ancien mannequin qui n´hésite pas à se prendre dans la champ : la pose du bonheur, cette satanée mélodie vendue au coin de la rue.

     Le commentateur abusé ne révèle rien du minimalisme de P. Bartholomew qui jubile effectivement l´air de rien sur l´art de voir et sentir. Uniquement la soupe sociologique ; il est à remarquer que les traits ou réflexions des visiteurs/badauds ou spectateurs empruntent à leur tour un récitatif de doléances tiers-mondistes et culpabilisantes. Est-ce l´art, le support, qui induit ce discours ou cette attitude qui appelle ce type de vues ?

     Pourquoi cet engouement ? La popularisation du numérique a décuplé ce sentiment d´impunité de produire des images pour rien, à tout moment. La fabrique d´images est devenue un stimulus comme un autre, une interjection. Peu de photos dorénavant sont tirées, elles sont prises au cas où. Et justement ce manque de pertinence dans le geste, cette indécision flottante finit par régner dans les têtes et les idéaux : la légèreté est devenue un éphéméride, tout s´envole, tout colle et a contrario plus les constructions des montages et retouches sont de nature compliquée, plus leur indigence saute aux yeux. Gadgets d´affichistes, espiègleries appuyées, mise en sourdine de l´antépénultième revisitation du cliché.

Au lieu d´opérer un choix, les organisateurs des Rencontres d´Arles veulent montrer le plus possible. Mine archéologique pour les générations à venir, volonté de rester un monstre incoercible __ le JSO et son chroniqueur mettent au défi de tout voir en une journée de Montmajour aux Ateliers SNCF en passant par le Musée Van Gogh et autres cases départ __ ce type de manifestation vise un grand public qu´il n´a pas ( le prix des places prohibitif 14 E jour clive tout discours démagogique sur l´accès à l´art) tout en flattant un milieu propice au chat sur Internet, à l´entremise et au recel. Rappelons que l´art photographique est le moins encombrant et que le rapport cm2/euro devient un des plus compétitifs.

Mais Arles vaut tout de même le coup. Allez-y en plusieurs fois. Les portraits polaroïds d´une mécène du jazz, Jeff Wall à l´Ecole Nationale Supérieure de la Photo, Walter Roil, une bonne part du choix du Prix Découverte, sauvent l´entreprise. C´est le propre de ce type de messe : chacun peut y faire son marché. Se nourrir, se dégoûter, se sustenter. C´est le dilemme entre endurance et passivité : à partir de quand me fait-on marcher (deux ou trois kms de plus), à partir de quand je n´aurai plus l´illusion de voir quasiment la même chose partout.



Emmanuel LOI


Les Rencontres d´Arles du 3 Juillet au 16 Septembre 2007
(voir aussi l´article de Xavier Girard sAlberto Garcia-Alix)


L E S R E N C O N T R E S D ´ A R L E S 2 0 0 7


SOMMAIRE

A L B E R T O G A R C I A - A L I X



Alberto Garcia-Alix
" MON CÔTE FÉMININ "


Il y avait une bonne raison de se rendre à Arles cet été, une seule, mais qui faisait oublier le paysage désolé des Rencontres 2007. Cette raison de folie s´appelait Alberto Garcia-Alix. Un quasi inconnu en France dont c´était ici la première exposition personnelle, saluée par une plainte pour pornographie, photo blasphématoire (parce qu´on l´avait présentée dans une église désaffectée) et atteinte aux bonnes moeurs. On avait seulement le souvenir en 1997 d´un workshop qu´il avait animé à Arles et d´une petite expo parisienne, organisée par Bianca Li, des photographes du magazine El Canto de la Tripulacion, créé par lui en 1989. Jusqu´ici Alberto franchissait les Pyrénées plutôt pour les rendez-vous de motards et les concerts rock qu´à l´invitation du monde de l´art. Son expo faisait tout à coup sentir à quel point la photo qui se colporte d´expos en expos est devenue ce « monstre tiède » que Serge Daney voyait dans la télévision. C´est que le monde qu´Alberto photographie n´a pas été avalé par le « champ unique » et mou du cinévisuel, il résiste aussi bien au bon goût post conceptuel qui règne sur un bon pan de la photo contemporaine qu´aux modes rétros de la « photo à l´ancienne » quand bien même sa propension pour le noir et blanc et son musée personnel (August Sander, Walker Evans, Kertesz,Richard Avedon, William Klein, Irving Penn, Diane Arbus, Elliott Erwitt, Danny Lyons, Robert Mapplethorpe et Duane Michals) sont devenus des classiques. C´est que depuis le milieu des années 70, en plein étouffoir franquiste, dominé par la personnalité du photographe officiel Ortiz-Echagüe, ses prises de vues grandiloquentes et ses tirages au charbon (lequel faisait écran aux trajectoires autrement iconoclastes des Catala Roca, Ricard Terré et autre Maspons) les sujets d´Alberto décapent.

Vue de l´exposition d´Alberto Garcia-Alix à l´eglise Sainte Anne Par A.Roche.

Avec les artistes de la movida : Ouka Leele, Ceseepe, Sybila, Almodovar ou Mariscal, ses sujets déchirent l´ « Espagne éternelle » pour s´attaquer au présent le plus chaud : Ceesepe disait : « Notre sujet, c´était les bars, les voitures, les filles, les fêtes. Nous voulions nous exprimer nous-mêmes, aller à la rencontre de tout le monde, déclarer que là où nous étions, nous devions être là. Madrid était une fête ». Mais la movida d´Alberto ne serait pas seulement la rencontre de la rue, du sexe et de la nuit, elle ne serait pas non plus la conjonction seule de ses tropismes intimes : la moto (en 1968 ses parents lui offrent une petite Ducati qui fera de lui, malgré les accidents à répétition et les déboires de toutes sortes, l´aficionado définitif de la meule), le tatouage : une rose avec écrit : « Ne me suis pas, je suis perdu », l´insigne Hardley Davidson, une tête de mort, le lapin d´Alice aux pays des merveilles, le slogan « Vis pour voyager, voyage pour vivre », une femme pirate, un dragon chinois etc. que découvre dans l´expo un extraordinaire autoportrait « triste »), les femmes qu´il aime nues, tatouées, percées, au lit, debout, dans des poses d´acrobates, cul par-dessus tête, en gros plan, habillées (il les photographie aussi pour des revues de mode), enceintes comme Elena Mar en 1988, harnachées de cuir comme La petite princesse, 1988, belles, scandaleusement, comme Marga, Julia, Pamela, Daniela, Jill, Elvis, Jan, Vanessa, Deborah ou Lucrecia, belles comme Fabio 1988 ou comme lui même dans Mon côté féminin, 2002 , belles comme sa femme Susana ou bien les hommes qu´il photographie comme l´avait fait Sander ou Walker Evans (Boxers, 1979, Mr Stoneman, 1988) dans leur être social mais aussi blessés, perdus, mis à nu comme Mapplethorpe l´avait fait, la queue empoignée comme Nacho Vidal 1997, parfois médusés, hagards et seuls, parfois clairement décidés, photographiés en pied, froc baissé, sur un palier d´immeuble bourgeois ou surpris au réveil dans une chambre d´hôtel, toujours méditatifs à leur façon et tranquilles face à la mort qui vient comme El Angel, 1993 ou un peu zombi, dans cette proximité indécise du désastre qui fait de chaque image d´Alberto, de chacun de ses plans construits de face, à la géométrie impeccable et cadrés de près, qu´il prenne en photo des chaussures, une chemise, une capote usagée, une montre, un chien un homme ou une femme, dans sa netteté burlesque et son énergie insatiable, l´irruption d´une histoire saisie in vivo.


Xavier Girard


Retrospective Alberto Garcia-Alix à l´eglise Sainte Anne
en Arles du 3 Juillet au 26 Aout 2007


A L B E R T O G A R C I A - A L I X


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ALUN WILLIAMS



Alun Williams : Projet pour une statue de jules Verne Photo : Alexandre Roche
AUX ÉTOILES DISPARUES

Au creux de la vague d´aménagements des lieux culturels que vit, depuis un certain temps déjà, Marseille et la région PACA, il faut saluer la ville de La Valette, son Sénateur Maire et Isabelle Bourgois d´avoir ouvert cet été les nouveaux espaces du Moulin de la Valette, magnifiquement réhabilités et dotés d´un étage supplémentaire, d´un atelier et d´une salle multimédia, avec l´exposition Alun Williams.
Créé en 1986 au centre de La Valette, le Moulin a réalisé de 1986 à sa fermeture pour travaux en 2003 de très nombreuses manifestations qui s´accommodaient tant bien que mal de conditions spartiates. Des expos collectives comme « Objets quotidiens », « Poésie sans fleurs », « Pour le plaisir » ou « Voisins voisines » et des expos personnelles comme celles parmi beaucoup d´autres d´Antonio Biasucci, presque inconnu en France, Alun Williams déjà en 1997, Geneviève Martin et Sophie Menuet en 1999, ont contribué à la notoriété du lieu. Des liens privilégiés avec le Frac, l´Ecole d´art supérieure de Toulon, la villa Tamaris à La Seyne et la Villa Noailles ont été à l´origine d´évènements en réseau qui ont fait un peu oublier, pendant toutes ces années, la dramatique atonie du Musée des Beaux-arts de Toulon, dont il ne semble pas que l´on veuille sortir avant longtemps.
Je dois avouer, avant de visiter l´exposition d´Alun Williams, mon ignorance de tout ou presque de l´œuvre de ce peintre gallois, né à Manchester (Grande Bretagne) en 1961, qui vit aujourd´hui à New York où il a crée Parker´s Box dans le quartier des galeries d´artistes de Brooklyn et qui garde des attaches avec la France où il séjourne régulièrement depuis qu´il y a fait un bout d´études à Bourges et à Nîmes où il a été reçu en résidence avant d´être membre fondateur de plusieurs associations d´artistes, à Marseille notamment.
Je m´avise en découvrant les peintures d´Alun Williams que le visiteur ignorant que je suis va très vite être pris au jeu de l´enquêteur comme devant nombre d´œuvres à clé du XX ème siècle, du surréalisme et de Dada aux oeuvres conceptuelles de la fin du siècle et du début du nôtre. Car ce que les œuvres d´Alun Williams font voir actionne immédiatement la machinerie des questions. Non pas que les tableaux ou les œuvres sur papier que contient l´expo soient totalement incompréhensibles. Je saurais dire assez vite que le peintre a représenté un paysage balnéaire avec un vague totem au premier plan, qu´il a projeté son ombre sur le mur d´une piscine où un couple s´ébat, qu´il en a repris la forme dans un paysage de la Valette où je crois reconnaître une maison, et fini par reproduire son apparition dans les situations les plus banales, comme un phasme ou un fantasme. Mais tout à mon enquête, je réalise bien vite que des éléments me manquent, que le sens de l´image est ailleurs.
Laissé dans l´ignorance du sens qui justifie exactement la présence de ces deux personnages du siècle de Pascal (que je crois reconnaître au passage) sous un ciel étoilé barré du titre de l´expo : « Aux étoiles disparues », en partie masqué par ce que j´identifie comme le bronze que je viens de caresser de la main sur le parvis du Moulin, figuré ici en blanc comme une pierre dressée refendue et fissurée, dont une réplique rouge, perchée sur un haut socle, je perds le fil de mon enquête. Pourquoi cette tache se déplace t-elle avec moi de tableaux en tableaux ? Pourquoi rouge à l´intérieur et ombre au dehors ? Quel rôle Joseph Gaultier, que le peintre écrit Gauthier et dont le nom figure sur la plaque située sur le socle de la sculpture du parvis et dans un dessin , joue t-il dans cette histoire ? Quel lien ces taches ont-elles avec le paysage ? Avec les personnages ? Avec Jules Verne qui apparaît ici et là ? S´agit-il d´une autre série ? Quel rapport y a-t-il entre la forme rouge de la série Jules Verne et celle de Joseph Gaultier dont j´ignore tout. Je sais que Jules Verne a séjourné dans la campagne de Toulon, qu´il y a même un petit musée. Y a t-il une relation quelconque avec La Valette ? Et que fient faire dans ce dédale le dénommé John Adams que j´ai d´abord pris pour le musicien minimaliste et qui fut, me dit-on le premier Vice-président des Etats-Unis ? Je lis en toutes lettres, sur le mur un déclaration faite en 1775 : « La tyrannie d´un empire va au-delà de celle d´une monarchie absolue. Bien que la volonté d´un monarque absolu devienne loi, ses décrets doivent être entérinés par le parlement. Dans un empire, même cette formalité n´est pas nécessaire ». J´en conclus que John Adams avait prévu le déclin de l´empire américain, mais cela ne me dit pas pourquoi John Adams. Et Julie Bêcheur, la « Reine de Hongrie » dont pas moins de trois biographies différentes s´affichent au dessus d´une boite à flacons, que vient-elle faire là, elle aussi ? Et si Joseph Gaultier était une fiction d´Alun Williams ? Ou Alun Williams, l´autofiction de Joseph Gaultier ? Que signifie toute cette « mise en intrigue » comme on dit aujourd´hui ? Toutes ces indications sont-elles là seulement pour me perdre ? Ou bien Alun Williams garde t-il la nostalgie des constructions énigmatiques qui liaient à l´époque maniériste pictura et fictura, représentation et fiction au sein du concetto, petite pointe, surprise ? Peut-on parler du « commentaire indéfiniment repris d´une œuvre absente – la peinture ? » celle de Picabia, Bacon, Hockney, Magritte par exemple, comme le faisait Jean Clair en 1974 à propos de Le Gac, dans le catalogue de Pour mémoire et qui croyait déceler là, il y a plus de trente ans, l´origine du « désœuvrement » contemporain ? La place me manque pour répondre à ces questions et dire en quoi Jean Clair se trompait. Comme le dénouement du film, je m´en voudrais de dévoiler le fin mot de l´énigme. Je me bornerais à suggérer que la clé se trouve au fond du puits du Moulin de la Valette, dans ce qu´Alun Williams, comme dans chaque site où il expose, est aller y trouver, et inventer, par la peinture, de nouveaux discours et de nouveaux modes de connaissance qui, comme ceux de Jules Verne se tiennent à la jointure de l´érudition locale, de la biographie du peintre, de l´histoire et de la rêverie. Alun Williams vous donne seulement des indications pour passer de l´une à l´autre, comme des étoiles encore visibles « aux étoiles disparues ». Autre indice, autre piste que j´ignorais, j´avais bien fait de confondre John Adams avec John Adams.


Xavier Girard


Espace d´art Le Moulin La Valette-du-Var
Exposition du 23 juin au 26 octobre 2007


ALUN WILLIAMS

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Coupes, tyrannie de l´optique. L´oeil obcur de la chair voit sans ouvrir.


Sylvie Pic

Les champignons augmentent les facultés de perception (sinon à quoi ça servirait d´aller à la cambrousse!) perception exclusivement sensitive ?
Certainement pas d´après Descartes, percevoir est apercevoir et s´apercevoir mais il y a des perceptions inconscientes d´après Leibniz. C´est un terrain de réflexion privilégié pour les artistes des arts plastiques.
Rendre conscient ce qui ne l´est pas, s´interroger sur ce qui paraît évident. Explorer les symétries, les rotations.
Pour Sylvie Pic c´est la topologie, le terrain d´investigation privilégié où elle récolte des formes sinon hallucinogèbes du moins psychotropes.De la même façon que les bons et les mauvais champignons se ressemblent les formes ne livrent leurs secrets qu´à ceux qui prennent le soin de les étudier de près.
Sous le regard, d´abstraites elles deviennent sensuelles et de froides et desséchées, fécondes.
En 2004 Sylvie a fait une rencontre. Alors qu´elle pataugeait à la bibliothèque de l´Institut Henri Poincaré dans la collection des modèles mathématiques, un petit objet en plâtre jauni, étiqueté « Bômisches Gewölbe » dôme bohémien) capta son attention. « Cet objet qui me séduisait par sa magnifique composition du droit et du courbe, du plein et du vide (des pleins éminemment sensuels et des vides vertigineux) j´essayais de le comprendre, de comprendre sa construction. »
Rappelons ce qu´est le ´dôme bohémien´, l´invention du mathhématicien tchèque Sucharda tout au début du développement de la topologie. Etant donnés deux cercles C et K, de même rayon, situés dans des plans perpendiculaires, le centre de K parcourt la circonférence de C, K restant parallèle à lui-même. Le volume ´dôme bohémien´ est l´enveloppe du mouvement de K.
Dans son exposition à la galerie Sintitulo, Sylvie Pic présente une série entièrement nouvelle marquée par une unité thématique et une unité dans la technique. Ce sont des tondos à l´acrylique sur toile marouflée sur bois.
Son questionnement est celui de la perception des objets complexes,sensuelle entre autres, le ´dôme bohémien´ est coupé de 36 façons.
«La coupe en architecture et l´anatomie en tout cas la dissection sont apparues à la même époque. Qu´est-ce que c´est qu´une coupe ? Cela convoque le corps et évoque la blessure. » Sylvie joue sur l´ambiguïté de la forme mathématique et ses avatars biologiques. Mais consciente de la tyrannie de l´optique elle projette ses formes chéries sur les sens haptiques.
Pour elle ce que nous recevons des formes est de l´ordre de l´expression comme c´était déjà le cas pour Leibniz pour lequel « une projection de perspective exprime son géométral ».
Dira-t-on que toute perception enveloppe celle que l´âme a d´elle-même ?
Jean-François Meyer



Sylvie Pic


du 14 septembre au 30 octobre
Galerie Sintitulo
10, rue du Commandeur
06250 Mougins
04-92-92-13-29



Coupes, tyrannie de l´optique. L´oeil obcur de la chair voit sans ouvrir.


CAHIER DETACHABLE







FESTIVALS DE POESIE ET DE PERFORMANCES





SOMMAIRE

NIPAF : à propos de



NIPAF : à propos de


C´est en 1990, je rencontrais pour la première fois Seiji Shimoda, venu au Canada pour une tournée dans plusieurs villes. En mai 1991, il revient pour une performance solo au Lieu, centre en art actuel. Notre festival de 1990 l´avait bien impressionné, car ce type de rencontre permet la relation avec l´autre et stimule l´imaginaire, tout en renforçant le réseau et permettant aux artistes d´être actifs, au sens d´un art actuel.

Nous avions alors proposé à Seiji Shimoda d´essayer d´organiser ce type de rencontre, au Japon. Et son premier festival, nommé Nippon International Performance Art Festival (NIPAF), s´est tenu à Nagano en février 1993. Shimoda organisera par la suite, à chaque printemps, ce type de festival, en alternant la présentation dans d´autres villes : Tokyo, Nagoya, Nagano, Osaka...

Sa connaissance de l´art performance au Japon et son expérience au niveau international lui procurent la possibilité d´être actif, sur le terrain, au Japon, mais aussi en Asie, avec un réseau qui va se ramifier et s´étendre comme un rhizome ! Puis en 1996, avec le collectif Inter/LeLieu, nous sommes en manœuvre nomade à Tokyo, j´irai à Nagano pour une performance solo. Je retournerai en 2000 à Jakarta, Taipei, Tokyo, Nagano, Nagoya pour le festival en itinérance.

Mais surtout, pendant ces années, j´aurai rencontré Shimoda à de nombreuses occasions, lors de festivals et rencontres performatives diverses, dont la rencontre sur l´art action à Québec en 1998, pour nous informer de l´évolution de cet art au Japon sur une base historique. Le festival NIPAF est très important non seulement au Japon mais en Asie, c´est une occasion de prendre conscience de la teneur de l´art action et de performance dans ces régions. C´est aussi une possibilité d´accès à des artistes et des formes d´activités performatives de pays asiatiques : ThaÏlande, Indonésie, Singapour, Vietnam, Birmanie... Shimoda va développer son réseau principalement en Asie, et son NIPAF s´étendra par la suite à Taiwan (TIPAF) et à d´autres régions. Shimoda publiera des catalogues à l´occasion de la tenue de ces activités et les dernières livraisons comportent des commentaires et analyses descriptives de toutes les activités à lesquelles il aura collaboré, à l´intérieur du Japon, dans les pays asiatiques comme au niveau international.

Le NIPAF fut aussi pour moi le moment privilégié pour rencontrer des artistes et des organisateurs, protagonistes de l´art en actes. C´est par exemple lors du premier NIPAF, en 1993, que je rencontrai Chumpon Apisuk, de ThaÏlande, qui par la suite, de son côté à Bangkok, organisera les rencontres performatives, au début localement puis progressivement avec une participation internationale.

Shimoda publiera aussi des documents vidéos de ses festivals. Il est un organisateur qui connaît bien le milieu de la performance, de l´intérieur parce qu´il est lui-même un grand performeur. C´est aussi avec une grande ouverture d´esprit et un désir d´étendre la toile performative en réseau que son travail a été important et qu´il continue inlassablement à dynamiser l´art action au Japon et dans l´ensemble des pays asiatiques.



Richard Martel


On peut s´informer sur le NIPAF en contactant Seiji Shimoda : nipaf@avis.ne.jp


NIPAF : à propos de


SOMMAIRE

P A S D P A N I Q U E



T.Boutonnier-

DE LA DIVERSITÉ DE
L´ART DES CORPS

LAGORGE ARDÈCHE

La quatrième édition du Festival d´art contemporain l´art des corps s´est déroulée les premier, deux et trois juin 2007 à Lagorce, un village de l´Ardèche. Créé par l´association Pas d´Panique, ce festival convivial et bon enfant n´en reste pas moins professionnel. Les organisateurs ont réussi à imposer dans le contexte rural ardéchois une démarche artistique contemporaine en invitant des créateurs à s´exprimer sur la thématique du corps. La programmation est diversifiée. Elle va de la photographie au théâtre acrobatique en passant par l´installation multimédia et par divers types de performances.

Fabrikdelabeslot dénonce de façon désabusée notre relation au social et au politique. Une performance grinçante où le corps, la parole, les projections vidéo résonnent au son de la trompette et d´un clairon à eau. Les ballons et les sons de bulles sont parmi ses instruments privilégiées. Fabrikdelabeslot déguisé en clown débute son action en distribuant des nez rouges à ceux qui parmi le public l´accompagneront en rythmant avec les pieds, sa version de la Marseillaise. Entres vases communicants et technologie, l´artiste procède par renvois et le spectateur rebondit là où il ne s´y attend pas. La performance a lieu dans une salle obscure, sa présence immédiate renvoie à celle projetée, lors d´une autre performance réalisée dans la rue, plusieurs années auparavant ; présence et absence font paradoxe. L´artiste présente aussi une installation, celle-ci peut se visiter pendant les trois jours, là encore l´image d´un clown désemparé qui résiste, se débat, lutte et crie, domine. Des vidéos projetées sur des fontaines, à la manière d´hologrammes présentent une série d´acttitudes ironiques et désenchantées.

Thierry Boutonnier, quant à lui développe un pôle de compétitivité en Ardèche, en travaillant avec le musée du ver à soie de Lagorce. Il révèle les contradictions et la morbidité du capitalisme et du matérialisme, en réutilisant leurs propres armes de façon ironique: plan marketing, logo, etc. De grandes affiches ponctuent le centre du village, où nous voyons l´artiste, en complet cravate avec tableau à l´appui, enseigner aux vaches le cycle de rentabilité du lait. Ailleurs il explique aux porcs leur espérance de vie et leur rapport qualité prix.

Avec, Mon corps est ma maison, le duo tadlachance - Madeleine Doré et Françoise Rod se démarque par son approche originale et intimiste. Les personnes entrent par groupe de quatre dans un espace souterrain à travers un pénétrable de pailles afin de découvrir grâce à une suite d´actions symboliques, leur relation à leur présence corporelle. Les interactions proposées mettent en parallèle l´habitat et le corps et donnent forme à des images intérieures. Ce projet interroge et incite effectivement chaque participant à découvrir ce qui l´habite.


Tadlachance : Ma maison est mon corps

Tiphaine Nicoleau présente les photographies de ses performances. Elle danse dans le paysage en tentant de retrouver un enracinement à la nature perdu. A cette fin, elle construit des robes vivantes souples et mobiles qui lui permettent de se transformer en fleur et d´éprouver sa relation, au monde naturel. Un dialogue s´instaure entre le prolongement du vêtement perçu comme une excroissance de son corps et le paysage.

Barbara Ouvray présente des défilés de création textile. Pour elle s´habiller est d´abord une question d´expression de soi en rapport à une société donnée. Elle propose des séances de transformation essayage qui se développent en défilés auxquels les épris des vêtements peuvent participer. Mère et fille, mari et femme, père et fils défilent en confrontant leurs identités avec fierté et humour.

Anne Abou, photographe, travaille les images à la manière de dispositifs. Elle superpose icônes, peintures, autoportraits, clichés, chromos en strates successives. Elle joue avec la mémoire imageante, personnelle et collective. Anne Abou dispose ses collages aux angles des rues et sur les murs usés du village en faisant émerger ainsi tout un inconscient collectif pour le temps de ce festival.

La diversités de l´art des corps recoupe le foisonnement des types de performance. Cela va de la danse Buto à l´interaction intimiste de tadlachance, de la performance placardée et transformée en outil publicitaire de Thierry Boutonnier aux différentes strates d´images d´Anne Abou, comme autant de peau libérées, du défilé de mode donné par ceux et celles qui ont simplement un intérêt pour un certain type de vêtements à la performance numérique et sonore de Jean Lézar et de Bruckert Max.

Une diffusion en continu de programmations vidéos en partenariat avec TDMI (Théâtre Danse Musique Image - Lyon) et avec la revue Mercure Liquide s´inscrit dans ces nombreux parcours.

Les visites guidées décalées que proposent l´association Pas d´Panique sont en elles-mêmes des performances originales ; les mopettes tours proposent une visite interactive et ludique ainsi que l´Aboyeuse de chez Hermes, sorte de héraut des temps postmodernes ne manque pas de verve.

L´art des corps est un événement à suivre.


Françoise Rod


http://pasdpanique.free.fr


P A S D P A N I Q U E


SOMMAIRE

M E X I Q U E



EL MES DEL PERFORMANCE : MÉXICO


En 1992, avec la complicité de Serge Pey, qui connaît bien la situation de l´art et de la poésie à Mexico, je participe à un événement de performance au Museo del Chopo de Mexico. J´y rencontre Eloi Tarcisio et des étudiants qui s´initiaient à l´art performance. On avait vivement questionné ce dernier sur le pourquoi de pratiquer une forme d´art alternatif, l´art performance, dans une telle institution?

Et Tarcisio, dont l´atelier se trouvait tout juste en face d´une église ayant subi des problèmes de structure suite à des tremblements de terre, se demandait depuis longtemps comment faire pour utiliser cet espace, l´église de Santa-Teresa, construite à même les pierres du Templo Mayor, en plein cœur de la ville de Mexico. Tractations diverses et contacts de toutes sortes, Tarcisio organise en 1993 un Mes del Performance qui permettra à six québécois de se rendre à Mexico pour y présenter des activités performatives.

Un mois plus tard, en novembre donc, nous recevions au Lieu, centre en art actuel à Québec, une présence mexicaine en action par cinq artistes de diverses disciplines et stylistiques.

En 1999, avec Henri Louis Chalem, je participe à la 8e édition du Mes del Performance, organisé par ExTeresa, mais avec une nouvelle direction. Ici je ne pourrai pas expliquer tous les changements de direction, les délations, les démissions, les objections, bref ce qui s´est passé avec xTeresa qui deviendra par la suite ExTeresa, le passage du x au Ex témoignant d´un désir de sortir de l´acquis.

En 2001, avec 34 participants de Québec, nous organisons à Mexico l´événement Latinos del Norte dans trois institutions majeures : Muca Roma, Museo del Chopo et ExTeresa, ce dernier pour des installations et performances.

En novembre 2006, lors du 12e Mes del Performance, on m´invitera pour ouvrir le festival, en hommage à l´artiste Marcos Kurtycz : j´y produirai deux actions de groupe, une dans ExTeresa (12 personnes), l´autre dans les rues du vieux Mexico (9 personnes). Au fil des ans, depuis 1992 jusqu´à 2006, j´aurai pu constater l´évolution de l´art en actes dans cette mégapole capitale culturelle et artistique de l´Amérique Latine.

Aussi, j´aurai eu de bons contacts, principalement des relations d´amitié avec des protagonistes de toutes sortes, à l´intérieur comme à l´extérieur de ExTeresa. Et, dépendamment de la direction et des orientations, j´aurai plus ou moins de contacts et de relations. La situation artistique de l´art actuel, en actes, à Mexico, au cours des quinze dernières années, aura subi une évolution impressionnante. Il n´y avait presque pas d´activités performatives avant les années quatre-vingt-dix, car ces pratiques semblaenit être une identification de l´extérieur, à l´encontre donc d´une tradition spécifiquement mexicaine - la peinture murale réaliste - et la sortie d´un coffret des quinze femmes importantes en performance à Mexico par ExTeresa en 2006 confirme l´évolution éclatante l´art action dans cette région.

Situé presque au Zocalo, donc dans le plus total centre de la capitale, ExTeresa est un lieu magique qui attire ! Je me souviens des soirées performatives avec 200 à 300 personnes, des performances de groupe avec quinze personnes, des activités en actes iconoclastes. Mexico est une ville incroyable avec une hybridité, confirmée par la versatilité des productions mexicaines, que j´aurai dynamisé avec Tarcisio et Lorena Wolffer, avec des informations, des contacts en réseau et une participation de nos copains de France, au tout début de cette aventure non terminée.

ExTeresa produit des catalogues de leurs activités en art vivant, de même que des vidéos, et cette compilation récente des quinze femmes performeures par Josefina Alcazar.

La nouvelle direction de ExTeresa, par Carlos Jaurena, poursuivra les activités en performance et art action, tous les deux ans, alternant une année en festival en art audio (2007) puis en performance (2008).



Richard Martel


On peut s´informer en contactant ExTeresa : xterera_arteactual@yahoo.com.mx


M E X I Q U E


SOMMAIRE

L´EVENEMENT



UN JOURNAL DE LODEVE
(extraits de mon journal intime mais parfois officiel)


Je n´ai pas tout vu/entendu et pas tout aimé.

SAMEDI 21 JUILLET 2007

Fin de matinée. Gare de Toulon. Quai B. Comme toujours valise immense pèse une tonne. Apporté la maison sans les meubles et les livres. Des femmes me sourient. Je ne sais pas pourquoi. Je dois avoir une tête de béatifiée. En face, sur le quai A, une femme qui semble avoir sur la tête une étoffe de palanquin traîne une valise. Du moins a-t-elle avec son tissu surélevé et sa démarche lourde l´ondulation d´un palanquin. Mais personne ne la porte. La femme disparaît. La femme réapparaît sur le quai B. Elle porte sous son très grand foulard d´énormes bigoudis.
Train Toulon-Montpellier direct avec arrêts. Gare de Marseille. Montent Jean-Luc Pouliquen et Bernard Mazo avec son célèbre chapeau. Tous deux font partie du Comité International de Coordination du festival. Bernard vient de se faire pick-pocketer son portefeuille. Blabla avec Jean-Luc que je ne vois jamais (pourtant il vit dans une ville proche de la mienne) jusqu´à Montpellier.
Appel téléphonique de l´organisation du festival. Nous serons cinq à l´arrivée et la personne qui vient nous chercher ne pourra en prendre que quatre.
Gare de Montpellier. Yves Broussard et Parviz KazraÏ qui habite maintenant Paris.
Je dis que j´attends la prochaine voiture. Je vais boire un café.
Voilà Monsieur Rémi accompagné de son épouse. Dans la voiture, une femme aux yeux bleus en amande et aux longs cheveux noirs. Monsieur Rémi et son épouse sont allés la chercher à l´aéroport. La femme sourit. Elle parle avec un accent agréable. Elle est charmante. En plus elle s´appelle Sibila. Sibila Petlevsky. Croate. Elle organise un festival de poésie à Zagreb en novembre. Nous discutons tous les quatre. Du pays, du paysage, de la poésie. L´épouse de Monsieur Rémi aime Clément Marot et je ne sais plus qui. Elle accompagne son mari dans tous les allers-retours de Lodève à la gare ou à l´aéroport.
Arrivée à Lodève. Bureau du festival. On nous offre un café. Monsieur Rémi raccompagne son épouse et revient me chercher pour m´amener à l´hôtel de la Croix-Blanche.
Je cherche un supermarché. Je trouve une supérette. Je cherche du gel pour cheveux. Je trouve uniquement un pot de gel Numéro 1. Je l´achète en me disant que je vais perdre les cheveux.
Aux alentours de 17 heures ciel couvert jardin de l´Hôtel de Ville. Pot de bienvenue. Quelques poètes et traducteurs. Discours du Maire, de la Présidente du Conseil général ou régional ou les deux, de l´Adjoint à la culture, de MaÏté Valles-Bled organisatrice du festival, de Salah Stétié poète libanais et représentant de l´Unesco (le festival est sous son patronage), de Julien Blaine. Pendant ce temps il pleut. Polis nous écoutons et donc restons.
J´aperçois Philippe Castellin et Patrick Dubost.
La pluie cesse. Antoine Simon arrive.
Buffet. Blabla avec mes petits camarades. Julien a l´air en forme. Akenaton est venu à moitié. Philippe est seul. Jean ne viendra pas.
21h30 Lune de pleine nuit soirée d´ouverture sur la place de l´Hôtel de Ville. Tous les poètes et les musiciens présents interviendront. Une minute. Idem pour les poètes de langue étrangère. Même temps traduction comprise. Je ne lirai pas le texte prévu Avis à la population qui dure au moins quatre minutes. Je lirai Julien Blaine et ma mère qui en prend trois. La plupart des gens comprendra " Julien Blaine est ma mère " comme d´hab parce que personne n´écoute ce qu´on dit.
Philippe me propose d´intervenir avec lui. C´est simple. Il pose des questions façon interrogatoire tandis que je mange un yaourt. Je ne dois pas répondre. Simplement à la fin dire " poète. " Pas de yaourt. Mais du couscous et de la salade. Je tasse la salade coupée dans un gobelet plastique. Tandis que Philippe questionne, je me bourre de salade que je mâche consciencieusement. A la fin je crache la salade mâchée par-terre et sur le public. Je me lève et vais descendre les marches de l´estrade. Oups ! J´ai oublié de dire " poète " ! Ben je suis pas près d´être réembauchée.
Chacun donc y va de son poème mais hélas cela ne donne aucun aperçu de son écriture.
Evidemment, on retiendra Démosthène Agrafiotis déchirant une feuille de papier-poème. Et Patrick Dubost en colère un jour d´orage.
Julien n´intervient pas. Il est au micro, qui annonce les intervenants.


DIMANCHE 22 JUILLET 2007

Il va être difficile d´assister aux lectures des uns et des autres. Du moins à celles qui m´intéressent. Les interventions ont souvent lieu en même temps dans des endroits différents de la ville. Je sais qu´à la fin je n´écouterai que quelques instants du travail de l´un pour courir écouter ailleurs le travail de l´autre. Finalement je mélangerai toutes les voix, toutes les écritures.
11h30 carrefour Grand Rue / rue Fleury. Dans la rue donc. Là où passent les gens. Akenaton annoncé. Philippe et des sentences écrites sur des feuilles A4 qu´il lit, mélange et colle sur des vitrines.
Ensuite au bar de la Halle Dardé où la tenancière est très agréable. Nous sommes plusieurs. Nous serons toujours plus ou moins les mêmes aux mêmes heures, le midi et le soir avant le dîner. Julien, sa fille, ses petits enfants, Antoine Simon, Démosthène, Catherine Farhi, et les dénommés performeurs. J´aime bien cette place, la terrasse du bar. Marie, la fille de Julien, et son compagnon y tiennent une galerie tout à côté du bar.
Philippe râle. Il n´a pas le matériel qu´il avait demandé pour ses performances. Il ne peut pas montrer son / leur travail. Il râlera tous les jours pour la même raison. A sa place je m´arracherais les cheveux.
12h30 La Halle aux voix place de la Halle Dardé. Au micro. Durant le texte sur la poussière, je m´essuie les lèvres, les aisselles, la poitrine, les jambes avec des carrés de tissu fleuris, mouchoirs ou serviettes de service à thé que je distribue ensuite à quelques spectateurs. Je leur offre ma poussière. Je m´en débarrasse.
Laurent Cauwet arrive. Il repartira demain après-midi. Il y a aussi Fabrice Caravaca, dont j´avais bien aimé les textes qu´il avait lus en 2005 à Expoésie-Périgueux, qui a créé les éditions du Dernier Télégramme. Et un copain à lui musicien qui tient aussi le stand sur le marché de la poésie.
Déjeuner dans la cour d´une école. Tous. Tous les midis ici. Sous les platanes. Grandes tablées. Toujours les mêmes comme au bar de la Halle.
Plusieurs personnes me parlent d´Edith Azam. Je demande ce qu´elle fait. On me répond " Tu verras ". Sur le Marché de la poésie et du livre Méditerranéen, je feuillette un de ses recueils. J´en lis trois pages. Je dis " On dirait un peu de moi beaucoup de Sylvie Nève ".
17 heures cour Casablanca 11 rue Neuve des Marchés. Jolie cour intérieure prêtée par la propriétaire. Plein de monde. Angela Nache fait une belle présentation. Roula Hassan, poète syrienne, lit un quart d´heure maximum avec sa traductrice. Il faut tenir une heure. C´est le problème. Le problème c´est que ne sont lus que les textes traduits. Et les auteurs de langue étrangère n´ont pas tous leurs textes traduits, loin de là. Souvent ils le sont sur place par Catherine Farhi, Saleh Diab ou autre. Cela ne me gêne pas d´écouter de la poésie en arabe pendant des heures. Mais il paraît que le public a besoin de savoir ce qui est dit. Pourtant, la poésie dans sa langue originelle est celle à écouter.
Donc je lis trois quarts d´heure. Des textes récents, d´autres anciens, des textes pour lesquels je n´ai pas besoin de micro. Aussi la Berceuse. C´est très étrange de lire ce texte. Il fait de plus en plus partie de moi. Il est de plus en plus ma parole véritable. Laurent me dit " J´aurais tellement aimé publier ce texte ! " Je réponds " Moi aussi.", sous-entendant par là que je l´aurais exploité à fond et me serais exploitée moi-même.
Le soir nous dînons au Café des Arts. Nous y dînerons tous les soirs. Les serveuses y sont fort sympathiques. Ensuite nous buvons un verre jusque dans la nuit sur la place de l´Hôtel de Ville où des tables sont dressées et des spectacles musicaux proposés.
Tous les soirs est organisé un festival off dans d´autres lieux. Je ne vois pas l´intérêt d´organiser ça, à part pour lire en public quand on n´est pas invité dans le in. Pour le public, il est déjà impossible d´assister au tiers des manifestations du in. Si je comprends le festival off d´Avignon (les compagnies doivent vendre leur spectacle) je ne le comprends pas en poésie.

LUNDI 23 JUILLET 2007

Réveil tête à l´envers.
Carrefour Grand Rue / rue Fleury. J´écris des commentaires idiots sur les feuilles que Philippe a collées.
Je crois que j´ai raté Antoine Simon et Bartolomé Ferrando au carrefour.
12h30 La Halle aux voix place de la Halle Dardé. Patrick Dubost. J´aime beaucoup son travail. J´en ai déjà parlé par ailleurs.
L´après-midi j´erre d´un jardin à une place, en quête de quelque chose à entendre qui me surprenne. Mais rien. Zut !
17 heures Poésie sous les gouttes berges de la Soulondre. Guët, plasticien, y a installé une de ses machines à eau qui tombe en panne. Americo Rodriguez, performeur portugais, et moi. Un texte chacun. Il ioule, vocalise, bruite dans le micro dans sa langue et sur le vent.
19 heures En chair et en os place de l´Abbaye. Antoine et Philippe. Ils sont à fond dans leur truc. Philippe ne veut pas s´arrêter. Un technicien vient prendre le matériel car on en a besoin ailleurs.
22 heures. Cour du Musée. Julien lit. C´est pas mal. Et Sawsan Dahnim, une poétesse du BahreÏn, qui parle du corps. David Ezkenazy ponctue avec sa guitare acoustique.
Jérôme Game et Jean-Michel Espitallier sont arrivés. Quand j´ai lu le nom de JG dans le programme, j´étais impatiente de le rencontrer. Je sais que j´ai entendu sa voix, que j´ai lu ses textes, mais où ? Et si j´ai retenu son nom, c´est que son écriture m´a marquée. Jérôme a une très belle voix. Il me demande si je l´autorise à lire mes textes en public. Faudrait être drôlement égocentrique pour refuser que JG lise nos textes. Jean-Michel est un joyeux compagnon. Il raconte des blagues. Je le soupçonne d´en tenir une liste interminable, et même des listes classées par catégories.


MARDI 24 JUILLET 2007

12h30 La Halle aux voix place de la Halle Dardé. Antoine harangue le passant. Puis lui et Julien performent. Julien parle des morts et cela passe par son souffle, par le halètement, celui de l´étouffement, celui de la douleur sourde. Marie et moi larmes. Antoine gonfle des ballons écrit dessus. S´envolent dans le ciel. Les ballons. Pas Antoine et Julien !
Je cours à nouveau d´un lieu à l´autre.
16h30 Jardins de la Sous-Préfecture. Nous sommes dix ou douze. Beaucoup de poètes de langue arabe. Bienveillante, Marie-Lucie Imhof nous présente. Je suis surprise qu´elle ait appris tant de choses justes sur mon travail en lisant quelques textes. Je lis des extraits de Un autre Ulysse. Première fois en public puisque travail en cours. Ok ça sonne bien.
J´ai raté la rencontre Julien / Jean-Michel / Bernard Heidsieck qui avait lieu tandis que je me rendais aux jardins.
19 heures En chair et en os place de l´Abbaye. Je lis seule. Dernière intervention. A chacune de mes lectures, le public est plus important et je revois certaines personnes dont cet anglais d´un certain âge qui s´assoit au premier rang et sourit avant que je commence et ces deux femmes qui ont essayé de me soudoyer pour avoir copie de mes textes, en vain. C´est flatteur, amusant et en même temps angoissant ces gens qui vous harcèlent. Ils vous donnent l´impression que vous écrivez extraordinairement, donc que vous êtes une personne extraordinaire. Vous vous demandez ce qu´ils entendent / voient.
Dîner les mêmes avec BH et sa compagne.


MERCREDI 25 JUILLET 2007

11h30 carrefour Grand Rue / rue Fleury. Jean-Michel Espitallier. Il a un charisme extraordinaire.
Où que l´on se rende, on voit parmi les spectateurs Catherine Soulier et Jean-Claude Parent. A chaque fois je discute avec eux. Nous rions.
Aussi le charmant Gilles Hutchinson prend des photos.
12h30 La Halle aux voix place de la Halle Dardé. Au micro Jérôme Game. J´en reste baba ! C´est au-delà de mes espérances. Enfin j´entends ce que j´attendais d´entendre. Un style. Une écriture. Une voix. Le tout génère un mélange détonnant. C´est comme si on était bercé et en même temps on en prend plein la gueule. Il a quelque chose dans la manière de regarder/écrire que j´ai quelque part enfoui en moi. Aujourd´hui je suis parfaitement heureuse.
15 heures école Fleury. Enregistrement vidéo. Les œufs.
16h30 cour 5 place Alsace-Lorraine. Jean-Michel à La cour des enfants. Deux ou trois enfants et surtout des adultes. Une heure de plaisir. Nicole Drano-Stramberg présente l´auteur et joue un peu les Candide. Questions. Lecture. Et puis JME doit ouvrir trois surprises. Oh ! Pinocchio ! JME ne se laisse pas démonter. Il rebondit. Allez ! Une blague sur Pinocchio. Oh ! Un angelot façon baroque ! Et hop ! Celle sur Karl Marx. Oh ! Un journal du XIXème, la guerre ! Et ouf ! Un texte sur la guerre.
17h30. Retour école Fleury. Enregistrement Les œufs trop long. Et hop ! Le texte sur JME.
Dernière soirée avec Philippe. Il termine chaque journée plein de peinture le torse les mains parfois le visage.
Hervé Brunaux arrive. Josée Lapeyrère non.
Edith Azam, arrive avec Eric Clément, un ancien de TXT.
Demain je quitterai l´hôtel pour occuper une chambre à l´internat.


JEUDI 26 JUILLET 2007

11h30 carrefour Grand Rue / rue Fleury. Jérôme Game. Je confirme mes impressions / mon opinion.
12h30 La Halle aux voix place de la Halle Dardé. Abderrazak Sahli. Galets heurtés becs de canards. Parfois impression d´entendre appel à la prière. Voix claire éraillée glougloutante mots inconnus. Certains poètes de langue arabe et traducteurs disent qu´AS ne dit rien, invente. Moncef Ghachem dit qu´AS parle en ancien arabe verlan.
15h30 me dirige en compagnie de JME et tirant ma géante valise vers l´internat. JME, qui va récupérer sa valise et rentrer à Paris en compagnie de Jérôme, nous a raconté une histoire de présence à l´odeur de farine dans la nuit. Un fantôme maquillé poudre de riz. Son téléphone portable qui se recharge tout seul.
16h30 cour 5 place Alsace-Lorraine. Edith Azam à La cour des enfants. Evidemment, comme on me l´a annoncée comme un phénomène, je suis très attentive. Elle lit des textes sur le désert. Elle a une manière de lire avec une voix d´enfant, de rythmer avec la main, qui font qu´on se concentre sur elle. Je ferme donc les yeux pour écouter le texte. Classique. Ensuite elle lit Phasme. Elle a les yeux qui se révulsent. Je ferme les yeux. C´est mieux. Plus dans la création, l´invention. J´ai l´impression parfois d´entendre Katlin Molnar.
18 heures lavoir rue Capiscolat. Denise Boucher québécoise, Démosthène Agrafiotis grec et Tugrul Tanyol turc, échangent des poèmes. DA change la donne. Il tend ses textes traduits en anglais et en turc à ses confrères. Le jeu peu commencer. Chacun sourit en donnant le meilleur de lui-même.
19 heures En chair et en os place de l´Abbaye. Josée Lapeyrère. Elle regarde le public. Elle est toute belle. Elle parle d´une femme dans des chambres d´hôtel. Elle a sur scène une présence intelligente.


VENDREDI 27 JUILLET 2007

11h30 carrefour Grand Rue / rue Fleury. Hervé Brunaux. Il présente un nouveau travail à trois sens / trois voix. Pas mal dans l´écriture. Pas évident les changements de voix sans micro. Aussi il vend des poèmes au plus offrant.
Après le repas, je passe un moment avec Bartolomé Ferrando, performeur espagnol, à retranscrire ses traductions. Il a une femme charmante, Carmen, et une fillette aux cheveux roux pâle et aux yeux d´eau.
Après-midi en terrasse avec Josée et dans l´atelier provisoire de Robert Lobet, graveur, pour écrire un poème sur une gravure-peinture
18 heures A corps et à cris 28 cour Fleury. Patrick Dubost et Bartolomé Ferrando. Patrick propose extraits de son écrit pour le théâtre Jonas Orphée. Bartolomé quant à lui présente trois facettes de son travail. Texte, sons, silence. Je ris.
19 heures En chair et en os place de l´Abbaye. Julien Blaine accompagné de Patrice Soletti à la guitare électrique qu´il manipule comme une autre source de sons qu´une guitare. Très beau, très concentré, il frotte les cordes, les tape, les fait vibrer jusqu´à l´agonie. C´est à ce moment-là que j´ai pris conscience du phénomène Julien Blaine. Jusque-là, je peux dire que je ne l´avais jamais vraiment entendu. Je veux dire lui. Ce qu´il y a au fond de lui. Le texte Je crie j´écris, que j´ai déjà entendu, je ne l´ai jamais entendu. Tous les deux / les sons / la voix / le texte / le presque imperceptible et puis violent balancement du corps de Julien d´avant en arrière / sont à fond dans le trash-punk, dans le délire, dans la symbiose, dans l´énergie, dans la perfection, dans l´art, en état de grâce. C´est un pur moment d´émotion, de bonheur, et je suis proche de faire une crise syncopale genre syndrome de Stendhal.
Franchement, je n´ai ressenti ça que très peu de fois. Quand j´ai vu la peau de Marylin Monroe en couleur dans Niagara (restée muette), lors d´un concert d´Eurythmics à cause de la voix d´Annie Lennox (me suis évanouie), en visitant toute seule la Sainte Chapelle (ai parlé aux vitraux), en tombant sur un banc devant Judith II de Klimt à la galerie d´Art moderne de Venise (ai pleuré à gros sanglots sous l´œil inquiet d´une gardienne). Bon ! Là, durant la performance, je me tiens tranquille, fais pas de crise d´hystérie. Juste les pupilles qui se dilatent.
21h15 Lecture à la chandelle Four à pain du chapitre rue Capiscolat. Arrivons au moment où Sibila Petlevsky, que mes camarades appellent Cat Woman, lit son dernier texte.


SAMEDI 28 JUILLET 2007

12h30 La Halle aux voix place de la Halle Dardé. Josée Lapeyrère doit intervenir. Mais le marché. Alors buvons un coup. Josée, Démosthène, Hervé et Julien mangent des huîtres. Une femme est là qui a écrit un recueil érotique sur la desquamation que je n´ai ni lu ni entendu mais elle le raconte en détails et je n´écoute pas tout parce que j´entre en courant dans le bar des halles pour ne pas entendre et alors cette femme encore elle raconte qu´elle portait une robe à laquelle elle avait accroché des feuilles à l´aide d´épingles et que les enfants et les poètes ils écrivaient sur les feuilles et même sur ses fesses et alors elle dit que ça lui faisait des choses surtout sur les fesses et alors elle a ensuite décroché les poèmes enlevé les épingles mais elle dit qu´elle le referait tous les jours l´année porchaine (houps ! lapsus !) prochaine donc et alors elle dit qu´au lieu d´enlever les épingles et les feuilles elle enlèvera sa robe et.
16 heures Sous le même climat place des Bournaux. Avec Antoine. Serge-Henri Rodin (poète malgache) chante et Denise Boucher raconte la création du préservatif et un procès et une histoire avec l´épiscopat.
17 heures Un livre une heure 17 place Alsace-Lorraine. J´arrive en retard. Christian Prigent lit des extraits de Demain je meurs avec sa compagne. J´en suis restée au Professeur et à la maladie. Le passage que j´entends (conversation entre lui et son père sur ce qu´il faut lire) ne me convainc pas. J´ai l´impression que Prigent fait une démonstration, nous dit ce qu´il faut lire, en tout cas ce qu´il a lu lui et qui ne plaisait pas à son père. Mais le public est ravi et c´est sans doute le principal.
Mes idoles ne savent pas ce que j´attends d´elles. Toujours plus. Toujours plus loin. Comme si elles n´étaient pas humaines.
18 heures A bâtons non rompus jardin Ile Notre-Dame. Débat entre Hervé Brunaux et Antoine Simon animé par Julien Blaine autour de l´écriture poétique adaptée à la voix, la scène et au CDRom qui se termine par un duel à l´épée en plastique entre les deux invités.
Dîner sous la tente au bord de la rivière. Ensuite dans la rue, sur des tapis, Catherine Farhi dans une exceptionnelle et généreuse et torride danse du ventre. Et Julien et moi la danse aussi mais dans un autre registre mais bon !... nous étions alcoolisés et très contents.


DIMANCHE 29 JUILLET 2007

12 heures. Panne de déodorant. Dimanche tout est fermé. Vais au bureau du festival où une fille qui y travaille n´a à me proposer que de l´huile essentielle pour les jambes. Je me demande " Quelle femme pourrait avoir sur elle un déodorant ? Il faut que j´en trouve une qui sent bon. " Je pense à la patronne du bar de la Halle Dardé. Elle me prête volontiers le sien, veut même me le donner. Trop sympa. Merci Madame la patronne du bar de la Halle Dardé. Sans vous, que serais-je devenue ?
12h30 La Halle aux voix place de la Halle Dardé. Hervé Brunaux. Nous pouvons apprécier son travail puisqu´il a une sono, un magnéto, un micro, peut moduler. Aussi il lit le texte sur Arsène Lupin. Et Josée quelques minutes à la place de hier.
17 heures Poésie sous les gouttes berges de la Soulondre. Tandis que Fernando Aguiar, performeur portugais, lit, Josée Lapeyrère procède à l´accrochage sur la passerelle de longues bandes de rubans de papier sur lesquelles elle a écrit au feutre bleu. Le vent souffle les fait tournoyer. Beaucoup de gens prennent des photos.
18 heures A bâtons non rompus jardin Ile Notre-Dame. Débat entre Josée et moi-même pas du tout en forme donc nouille animé par Julien Blaine autour de l´écriture autobiographique. Il y a un mec dans le public qui, depuis une semaine, a des théories sur tout. Josée lit des extraits du Tour de France.
19 heures apéritif de fin de festival dans le jardin de Marie-Lucie Imhof.
Place de l´Hôtel de Ville, soirée de clôture qui consistait en un spectacle de rue tout blanc et fixe avec bateau géant, chanteuse, rollers, E.T., acrobates, danseurs, deux heures et au milieu quatre performeurs et six poètes et alors à part Abderrazak Salih qui a glouglouté-gargarisé en arabe ancien inversé et alors à part lui les prestations des intervenants étaient absolument nulles. Nous en sommes tous restés bouche-bée. Je ne peux pas dire le contraire. Je ne vais pas inventer hein ! Mais faut dire que tout le monde était épuisé.


LUNDI 30 JUILLET 2007

Dormi deux heures chez la dame qui hébergeait Antoine. Durant la nuit je n´arrivais pas à dormir. Antoine m´a réveillée à 7 heures. J´ai sauté hors du lit. Mis de l´eau froide sur mon visage. Habillée. Tee-shirt puant de la veille. Pieds pourris. Tongs. Lunettes noires. Antoine a tenu à me présenter sa logeuse. La vieille dame déjeunait. Elle m´a parlé. J´ai souri. Peut-être ai-je répondu. Café au bar de la Halle. Dans la voiture Antoine m´a dit que je pouvais dormir. Dès que j´ai laissé aller ma tête contre le... je ne sais plus comment s´appelle le truc qui se trouve au dessus du siège où on pose la tête... donc, dès que j´ai laissé aller ma tête, il s´est mis à siffler !!! Alors blabla. Il est plus pipelette que moi.
Marseille 11 heures. Train à 12 heures. Toulon. Bus à 13h10. La Farlède à 14 heures. Lilas était chez sa copine.
J´ai attendu 15 heures, quand le soleil et la chaleur sont insupportables, pour aller faire deux courses au supermarché du village, histoire d´être sûre de ne croiser personne.
Lilas est rentrée à 16h30 et a bien voulu m´embrasser parce qu´elle n´avait pas vu sa maman depuis longtemps.


MARDI 31 JUILLET 2007

Il m´arrive un truc très bizarre. Après avoir passé huit jours à Lodève avec des gens dont je comprends le langage et qui me comprennent à peu près, je me retrouve, comme avant mon départ, semi-sourde semi-mal-comprenant-ce-qu´on-me-dit et pas-du-tout-comprise !!! Sur le répondeur téléphonique, une femme dit quelque chose. J´écoute plusieurs fois. Impossible de comprendre ce qu´elle dit ni de reconnaître la voix.
Ce matin, sur la boîte à lettres, je colle une grosse feuille sur laquelle j´écris " Facteur, merci de nous remettre le courrier car nous n´aurons pas la clé de la boîte à lettres avant samedi. Si nous ne sommes pas là, laissez quand même le courrier dans boîte à lettres. " Je vais à la banque remettre des chèques et par la même occasion des livres anglaises que j´ai retrouvées dans un dossier. " Je voudrais remettre des livres anglaises sur mon compte. Puis-je avoir un formulaire s´il vous plaît ? " La fille me regarde bizarrement. " Qu´est-ce que c´est des livres anglaises ? " Je lui montre les billets avec la tête d´Elisabeth dessus et la fille me dit " Mais ça vient de quel pays ? " Bon... Je sors de la banque. J´allume une cigarette et pars en direction de la boulangerie. Je passe devant la terrasse du bar-PMU. Un mec attablé me parle. Je m´arrête, le regarde et me demande pourquoi il me parle en albanais. Je dis " Pardon ? " Il répond " C´est mauvais de fumer. " Je passe mon chemin et me dis qu´après avoir entendu parler anglais, portugais, espagnol, croate, grec, albanais et arabe durant une semaine, j´ai du mal à capter le français avec l´accent d´ici qui est pourtant le mien.
Ensuite une femme qui porte un tee-shirt noir avec inscription au niveau des seins " A manipuler avec délicatesse " Je me demande si cette femme se rend compte du message qu´elle a choisi de porter et de l´endroit où il est placé. Je pense à cette toute jeune fille croisée dans une galerie marchande qui portait une autre inscription " F*** me I´m famous " faisant référence au succès du D.J. David Guetta " Fuck me I´m famous " Puis le facteur sur sa mobylette. Il porte la tenue réglementaire. " Facteur je vous ai mis un mot sur la boîte " " Je suis déjà passé, j´ai rien vu, votre courrier est dans la boîte " Comment le facteur fait-il pour ne pas voir le mot ? Il doit croire que ce n´est pas pour lui. A qui pourrais-je écrire sur une boîte à lettres si ce n´est à lui le facteur ? Sur le trottoir, perchée sur une chaise, à l´aide d´une barre de fer, je sors le courrier de la boîte.
Ensuite je prends la voiture pour amener Lilas chez sa copine. La voiture est pleine de merde d´oiseaux. Il n´y a plus d´essence. Didier n´a pas mis le frein à main. Je laisse Lilas chez sa copine et vais faire de l´essence. Comme je n´y comprends rien (je me souviens seulement qu´il faut utiliser le pistolet jaune) je pose plein de questions à un monsieur qui fait aussi l´essence, je m´y reprends à deux fois, j´ai de l´essence sur les mains.
Il est bien évident que durant cette semaine j´étais déglinguée. Mais peut-être aussi que c´était à ce moment-là que j´étais normale. Je ne sais pas. Ces moments de découverte, de retrouvailles, sont toujours exaltants et terrifiants. Nous sommes à un moment envahis d´une tendresse, part une espèce de perte... Je ne sais pas comment dire.


MERCREDI 1er AOUT 2007

Petit coup de déprime. Normal. Lumière. Je sais maintenant quand j´ai entendu la voix de Jérôme Game. C´était un soir d´hiver sur France-Culture. Il participait à la lecture de La fabrication des Américains d´Eric Giraud, sa voix, la voix d´Eric, celle de Holly Dye. Mais où ai-je lu des textes de lui ?



Nadine AGOSTINI



L´EVENEMENT


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KENYA - LA PREMIÈRE ÉDITION DE LA BIENNALE D´ART CONTEMPORAIN




A MALINDI (KENYA)
LA PREMIÈRE ÉDITION DE LA BIENNALE D´ART CONTEMPORAIN


DU 29 DÉCEMBRE 2006 AU 31 JANVIER 2007

Un nouveau grand espace d´exposition a accueilli un fascinant panorama de l´art africain oriental en dialogue avec des œuvres d´artistes américains, asiatiques et européens.

Une rencontre inoubliable !

Ainsi l´opportunité s´est enfin offerte de connaître les pièces des principaux artistes qui vivent et travaillent dans la partie orientale du continent africain. Et ce fut, la première biennale d´art de Malindi (BiMA)..

Pour cette première édition le commissaire Eric Girard-Miclet (directeur de l´Alliance Francaise de Dar Es Salaam en Tanzanie) a sélectionné quarante artistes en provenance de Tanzanie, du Kenya, de Sudafrica, de Zambie, de Madagascar, et du reste du monde. (États Unis, Angleterre, Hollande, Italie, France et Chine).

Cette initiative a tété prise par La Biennale di Malindi ltd et de la Fondazione Sarenco et elle a été accueilli dans une nouvelle structure malindienne : Big Found Centre, située en plein centre ville avec une superficie de plus de 4.000 mètres carrés.

Le commissaire a voulu privilégié les artistes africains de l´Afrique de l´est avec des artistes occidentaux très actifs dans les vingt dernières années et qui avaient eu par leur travail ou par leur voyage un rapport direct et prolongé avec cette partie de l´Afrique.

Ce rendez-vous avait aussi une autre signification : ce fut la première fois que fut recherché de réaliser un projet de fusion permettant de focaliser l´attention sur un panorama complet des artistes de l´est africain, territoire qui a révélé ces dernières années des artistes aussi importants que : le tanzanien George Lilanga, ou le malgache Pierrot Men, entre autres !

L´exposition est accompagné d´un catalogue exceptionnel bilingue (italien – anglais) édité par Adriano Parise éditeur à Vérone en Italie.


BIENNALE D´ARTE DI MALINDI (Kenya), FN Centre (Lamu Road)
Artistes présents :

KENYA : Kitivi, Mulia. Mbuno, Kivuthi.Mwai, Cheff. Oduya, Fred. Onyango, Richard. Tanzini,Wanjau, Peter M.

TANZANIE : Bush, Mikidadi, Dastani, Simon Kashimiri Lilanga, George Lyombo,Joseph.Malikita, Maurus Michael.

FRANCE : Blaine, Julien, Bory, Jean-François, Garnier, Pierre.

USA : Arias-Misson, Alain, Williams, Emmett.

CHINE : Bandi, Zhao, Hai, Bo.

SUDAFRICA : Mahlangu, Esther.

ZAMBIE : Kappata, Stephen.

MADAGASCAR : Efiaimbelo Pierrot Men.

ANGLETERRE : Noel, Ann.

HOLANDE : Clavin, Hans
Et pour l´ITALIE : Azzali, Grazia , Carrega, Ugo, Colajanni, Luigi, Costa, Claudio, Desiato, Giuseppe, Fontana, Giovanni , Guerresi, Patrizia , Innocente , Mattioli, Paola, Miccini, Eugenio, Moncada, Ignazio Mondino, Aldo, Sarenco, Tomasi, Gian Paolo.

JULIEN BLAINE



KENYA - LA PREMIÈRE ÉDITION DE LA BIENNALE D´ART CONTEMPORAIN


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OPA : On Performance Art - GRÈCE



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"OPA" : OPération Ambitieuse


ATHÈNES

En Grèce, le destin de la modernité est toujours incertain, et le destin de la modernité extrême l´est encore plus. Par exemple, le débat avec comme sujet "s´il existe ou il a existé une avant- garde ou pourquoi le mouvement dada ou post dada n´a pas trouvé de racines solides dans la vie artistique hellénique reste toujours ouvert. Dans le cas de la performance, on constate le même symptôme : dès les années 60-70 il y a eu des initiatives qui réclamaient le titre de performance, effectuées entre autre par des musiciens dans les années 60 et par des sculpteurs et peintres dans les années 70. Pendant les années 1980-90, plusieurs artistes ont voulu créer des lieux d´ accueil pour des activités de performance ou d´art-action. (Julien Blaine a inauguré un tel espace en 1991-92).

...

Au début des années 2000, une nouvelle vague d´artistes de provenances très diverses ont recommencé le travail de Sisyphe pour rendre la performance plus visible et plus structurée. Une nouvelle génération d´artistes, souvent formés ou ayant une expérience à l´étranger (p.e. Bartolomeo Ferrando reçoit à son Ecole des Beaux Arts des étudiants grecs dans le cadre du programme " Socrates " de E.U.), explorent de nouvelles voies ou de nouvelles " manœuvres " relatives à la performance. C´est qui manquait, c´est un événement ou une institution qui pourrait présenter et stabiliser l´acquis. De l´autre côté, la Grèce était absente de la carte internationale des festivals de performance, et plusieurs organisateurs de manifestations ont exprimé leur souhait de voir naître un Festival International de Performance en Grèce.

J´ai donc pris l´initiative de proposer à BIOS - (Centre culturel pour l´exploration de la culture urbaine), l´aventure d´organiser le premier Festival en Grèce. Le plan initial était d´ expérimenter avec un festival de deux jours, centré sur le dialogue entre les vétérans étrangers et la nouvelle génération d´artistes grec(que)s. Finalement, dans l´enthousiasme grec, un festival no.0 de cinq jours a été organisé, prenant le maximum de risques étant donné l´absence de tradition et d´expérience.

...

Le programme conçu incluait : Des performances, des projections de films sur l´histoire de l´art action/fluxus/performance/happening, (en Grèce et dans le monde entier), un hommage aux actionistes viennois, à Joseph Beuys et au compositeur grec Giannis Christou et son oeuvre dâtée des années 60. Les artistes étrangers présents étaient : R. Martel (Canada), J. Blaine (France), B. Ferrando (Espagne), J. Swidinski (Pologne) et C. Apisuk (Thailande), D. Illic (Australie, USA, Serbie). Les artistes grecs représentaient les differentes " générations " . Entre eux : L. Papakonstantinou, P. Charalambous, D. Agrafiotis, M. Valley, D. Kamarotos, X. Delidimos, J. Melanitis, Ch. Katsari, Le groupe Blitz, A. Grivas, Mariane K. et autres.

La participation du publique était au-delà de tout espoir. Presque 10.000 personnes sont passées par BIOS. Certains problèmes d´organisation et d´accueil ont été résolus mais quelques échecs pourraient être observés. Une excuse : le caractère expérimental et l´ ambition exagérée.

Au-delà des premières leçons au niveau technique et organisationnel, au-delà de la question de l´indendité de cette première manifestation, il est clair qu´ il y a une attente et une demande d´avancer dans cette " discipline indisciplinée ", surtout de la part des grecs qui ne sont pas (toujours) attirés par la discipline et l´esprit systémique. Cependant, l´atmosphère était intense, prometteuse et fructueuse. Déjà le sous-titre " opa " (on performance art) correspond a l´expression populaire (___ - ___, opa-opa), une sort de "hip-hop" grecque, c´ est-à-dire un effort de mettre en liaison la passion (grecque) pour la musique et la dance avec les particularités de la performance en tant qu´espace d´action, de " manœuvre " et de critique sociale.

Evidemment, un festival international de performance pose des questions sur son ancrage à la société grecque et à la culture artistique locale (plutôt glocale-globale et locale à la fois). Il est un peu trop tôt pour prononcer un diagnostique sur les particularités grecques de la scène artistique nommée : performance ; quelques tendances ont émergé mais elles sont encore mal définies.

La " performance " n´est pas un mot grec, mais il est utilisé souvent ainsi. J´ai eu l´occasion de proposer le mot " epitelesi " parce qu´ on peut lire dans ce mot : teleti, teletourgia, epitelio, telestis, telos c´est-à-dire rituel, rite, accomplissement, état-major, objectif, tenseur..... L´attitude de mes compatriotes envers cette version du nom grec a été plutôt celle d´une attention réservée et non d´un enthousiasme ouvert.

Démosthène Agrafiotis


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OPA : On Performance Art - GRÈCE


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PERFORMANCEX6 - VIDÉO & ARTS NUMÉRIQUE



Bibliothèque municipale Fesch d´Ajaccio
PERFORMANCEX6
VIDÉO & ARTS NUMÉRIQUE

Ajaccio 01/02 Décembre 2006

Cette manifestation organisée par Akénaton, le plasti-group corse avec le soutien
De la municipalité d´Ajaccio,
De la bibliothèque Fesch
Et de la collectivité territoriale corse
A été plus que surprenante par la qualité et la diversité du public rencontré pendant ces deux journées.
Un public jeune, branché, joyeux et attentif.
Prouvant s´il en était besoin que quelque chose se passe autour de la
performance jadis ignorée, méprisée et de l´utilisation des nouveaux médias
par
et pour cette discipline.
Qui ne sont plus tellement nouveaux mais plus familiers et c´est amusant d´en
voir quelques usages surprenants.
L´affiche un peu palote s´offre aux regards dans la rue, à la fois coffre aux trésors,
Livre ouvert et ordinateur bien-sur par les inévitables cables qui s´en
échappent.
Les deux lieux choisis pour ces rencontres l´ont été judicieusement.
D´abord la Bibliothèque municipale Fesch, Temple du livre rare
Ses murs voûtés entièrement couverts de reliures anciennes.
Ce décor historique magnifie les propos tenus à voix calme par les
participants.
Des livres ouverts, offerts à la curiosité des passants témoignent de
l´élégance
du savoir à qui veut bien s´en approcher.
Conversation tranquille entre les différents participants, chacun défendant
ses outils, son accès au merveilleux.
Le regard glisse sur les étagères de livres anciens et l´esprit s´évade: Corse
terre d´histoire des tourments de l´histoire qui sait garder ses trésors.
Les livres de botanique illustrés ne disent rien d´autre que les plantes
étudiées ,mais dans des terres lointaines.
Corse terre d´exils et de retours.
Corse musée paradoxal de la mémoire.
Les participants: Akénaton en la personne de
Philippe Castellin le modérateur :
-Philippe Booz, -Alexandre Gherban, -Gérard Giachi et A.Srid essaient de
conjuguer technique et création.- Julien Blaine lui revendique l´accès direct
aux manifestations corporelles :la voix, le souffle, le geste.
Regard goguenard des incunables majestueux qui tombent des rayons de la
bibliothèque.
La révolution technologique sans arrêt remise en question par de nouvelles
possibilités de nouveaux logiciels ne décourage pas ces pionniers contents de
leur vocabulaire commun
Numérique opposé à analogique !!!
Bof !
Le silence des ouvrages anciens est éloquent.
Celui qui n´use que de la souris prétend atteindre le spectateur qui réagirait
et modifie la proposition:spectateur-vecteur
La définition n´en finit pas de se définir.
Remontons le cours Grandval en fin d´après-midi où les palmiers souvenirs de
feu l´empire colonial ont toujours fière allure, ils se sont fort bien adaptés à
la douceur de l´île et personne ne dirait qu´ils sont importés d´Afrique.
On passe devant un ancien palais somptueux devenu siège de la collectivité
territoriale, les jardins fleuris en terrasses successives n´en finissent pas
d´embaumer dans cet hiver qui ne veut pas venir.
En face, un ancien palais caprice d´une riche anglaise : Miss Campbell: Le
Palais Cyrnos dont les ajacciens ne connaissent que le dernier avatar en un
club de bridge défunt offre ses immenses pièces vides aux démonstrations des
dernières utilisations poétiques des nouveaux médias dont il est question.
Dans ce décor viscontien des câbles partout, des ordinateurs des écrans, on
n´est pas chez le professeur Némo puissance démoniaque mais chez de doux
rêveurs.
Annie ABRAHAMS questionne en vidéo les limites de la communication et offre du
champagne à des cochons.Sourire.
Retour à la fable.
AKENATON performe en la présence sportive de Philippe Castellin qui
s´époumone à déconstruire un vers sur la poésie, les variations du son font varier la
hauteur du texte qui défile sur des images projetées. Tandis que Jean
Torregrossa distribue de façon coquine des pims qui reproduisent des mots du
poème.
Julien Blaine au fond d´une terrasse jadis ouverte sur de somptueux jardins
qu´on imagine descendants sur la baie maintenant limités par de
catastrophiques barres d´immeubles neufs, Julien Blaine donc fidèle à lui-même ravi du public
jeune et féminin se lance en une déclaraction.
Il est difficile de décrire ces actions simultanées, le poème image d´A.Strid
continu à s´inscrire sur des images d´eau transparente l´un courant après
l´autre.
La soirée tient plus de l´expo que du spectacle unique , la simultanéité
permet
la flânerie, les bavardages et les rencontres.
Les rires éclatent, le bar marche la soirée est réussie. Les spectateurs
deviennent participants.
Le lendemain tous les participants fourbus se sont retrouvés autour de
généreux plateaux d´oursins.
Deux jours magnifiques, des échanges à bout de paroles.
Merci aux fanatiques des nouveaux médias, les valeurs sûres de la conversation
autour de tables bien garnies ont toujours cours.
Corse mélange de tradition et de modernité.
Une passante continentale dans l´île de beauté !


Catherine Poitevin



PERFORMANCEX6 - VIDÉO & ARTS NUMÉRIQUE


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NOHANT DANS LES JARDINS DE MADAME GEORGES



UN RENDEZ-VOUS (LE 6ÈME) :

Après le succès qu´il a connu les années précédentes, ce « rendez-vous aux jardins » avec les poètes, les revues et les éditeurs de poésie, organisé à l´initiative d´Henri Ronse et de la Caravane des Poètes en collaboration avec Georges Buisson et le Centre des Monuments Nationaux, s´installe à nouveau dans le domaine de George Sand.

Un salon du livre en plein air, présenté sous des ramées, qui s´étoffe encore cette année :
- des milliers de livres de grands et de petits éditeurs qui manifestent, malgré une précarité économique croissante, la vitalité de l´édition de poésie aujourd´hui ;
- quatre petits théâtres couverts ou de plein air où se succèdent, toutes les heures, lectures, performances, rencontres avec les poètes, tables rondes…
- un coup de projecteur sur les revues où s´élabore la poésie de demain ;
- un nouveau secteur consacré aux éditeurs et créateurs de livres-objets, livres d´artistes ;
- le coin du bouquiniste ;
- un espace réservé aux enfants et à l´édition de poésie pour jeune public, animé par des comédiens qui lisent aux petits visiteurs les textes choisis par ceux-ci sur les stands ;
- de nombreux poètes invités parmi lesquels, cette année : Jean Ristat, Jean-Marie Gleize, Alain Duault, Julien Blaine, Hubert Lucot, Jean-Pierre Verheggen, Josée Lapeyrère, Dominiq Jenvrey… et des poètes et éditeurs venus de France, du Québec, de Belgique et d´ailleurs ;
- une exposition internationale de mail art ;
- une présentation du Manifeste pour une œuvre authentique de Jean-Luc Parant, avec exposition de dessins.
Un salon de thé animé par l´association « Accueil et qualité en pays de Nohant » permettra de se restaurer sur place, de bouquiner ou de poursuivre autour d´un verre les conversations commencées autour des stands.
Pendant tout le week-end, comédiens et chanteurs de la Caravane des Poètes contribuent à donner à l´événement un caractère festif.

Q : Le Salon de Nohant est une initiative de la Caravane des Poètes. Quand on regarde les activités de la Caravane, on est frappé par cette volonté farouche de défendre et de porter la parole poétique hors du confinement où elle est habituellement placé. En quoi la parole poétique peut-elle aider à vivre?
HENRI RONSE : Oui, la Caravane est multiforme : spectacles, lectures, journées du livre pour l´enfance et la jeunesse, ateliers, salon de Nohant, portraits d´éditeur, expositions, performances… Les espaces où elle se produit sont eux aussi très divers : théâtres, médiathèques, monuments historiques, jardins, cafés… et ils se trouvent aussi bien en zone rurale que dans des villes comme Bourges, La Châtre, Orléans, Romorantin, Dreux, Chartres, St Amand-Montrond, Tours, Château-Renault… Le développement de l´aventure est tel que, commencée sur une période de 15 jours en 2000, elle s´étend aujourd´hui sur l´année. Nous sommes les premiers surpris de cette évolution. Peut-être faut-il en chercher la raison dans le sentiment d´urgence que cette action revêt pour nous-mêmes. Peut-être aussi dans le fait qu´en face d´un usage de la parole utilitaire, atrophié, tout en rétention, en convention, à « l´économie », les poèmes se situent du côté de la dépense, de l´excès. C´est un espace de partage à fonds perdu. Le dernier « potlach ». Prière sans dieu. Rituel sans idole. Sacrifice du sens et du son. Si la poésie aide à vivre ? Je ne sais. En revanche, ce que je sais, c´est que, pour moi, sa lecture se confond avec ma vie, elle ne me quitte jamais : dans le rire ou les larmes, les silences, le cri ou le chant. Elle est l´air que je respire, mon oxygène, ma rumeur en-dedans,parfois jusqu´à l´éructation.

Q : À Nohant, pendant deux jours, les visiteurs peuvent entendre une poésie vivante dite parfois par des poètes, parfois par des acteurs. Quelle différence faites-vous entre une poésie transmise par le poète lui-même ou transmise par un acteur ? En quoi la confrontation des deux pratiques vous semble-t-elle enrichissante ?
HENRI RONSE : Le mélange des acteurs et des poètes est plus subtil que les préventions des uns et des autres ne le donnent à imaginer : combien de poètes, s´ils ont pour eux « la légitimité », ne sont pas de bons lecteurs de leurs textes. Combien de comédiens sur-jouent (ou sous-jouent) les textes dans la volonté de les « imposer ». Il y a derrière tout ça un théâtre inconscient des poètes et un théâtre inadéquat de l´acteur en poésie. Mais que dire de lectures comme celles que nous ont offertes les années précédentes René Farabet des textes de Jean-Pierre Brisset, de Beckett ou de Ponge ou du travail de Marie Poumarat sur les poèmes de Valérie Rouzeau et Sylvia Plath ? Il y a là des rencontres miraculeuses de voix, la technique alliée à l´énergie retrouvée du texte, à la maîtrise du souffle. Quant à certaines lectures ou performances de Julien Blaine, de Charles Pennequin, de Bernard Heidsieck ou de Jérôme Game, elles sont autant de grands moments de jeu. Dans les deux cas, il y a devant nous le texte et l´investissement d´un corps. Il y a partage de cet instant : le corps, la voix-corps livre le livre. C´est cela l´événement de la lecture publique. Une expérience-limite. Un moment unique. Alors, la différence entre l´acteur et le poète lisant son texte échappe aux clichés qui continuent de se colporter. Chacun peut se nourrir de l´autre.

Q : Lors des salons, le visiteur-lecteur peut rencontrer des poètes de tous les horizons, de tous les styles, de toutes les cultures. Que représente pour vous l´élargissement toujours plus prononcé de cet espace poétique ?
HENRI RONSE : La poésie est malade des chapelles, des sectes et des confinements. Seul l´écart instruit. La pratique de la Caravane des Poètes, c´est toujours le grand écart : on va jouer pendant trois mois devant 8000 enfants Le bestiaire d´Apollinaire ou Le Rap des rats de Michel Besnier et travailler le lendemain au Musée de l´objet à Blois les textes de Gherasim Luca, de Schwitters ou de Blaine. À Nohant, c´est pareil. Organiser le concert des différences, c´est ça le rêve. Je vais moi-même dans les jardins de Nohant chaque année à la découverte de la surprise. J´écoute, j´écoute et puis, au bout du week-end, je retourne seul vers les stands à la recherche des livres qui deviennent comme des traces. J´en emporte quelques-uns que je lirai, mutiquement ou à voix haute, dans la solitude de la chambre. Ils sont à jamais ombrés de l´écoute de telle ou telle de leurs pages, du souvenir d´un visage, du tremblement d´une voix, du timbre d´un lecteur, des risques qu´il a pris, même maladroitement, dans le partage.

Q : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette dernière édition du salon de Nohant et de ses invités ?
HENRI RONSE : Un hommage à Verheggen dont je partage « les folies belgères » depuis tant d´années et en compagnie duquel nous visiterons Sodome et Grammaire, il y aura la découverte d´inédits d´Alain Duault, extraits de la trilogie commencée avec Une hache pour la mer gelée. Il y aura la surprise que nous réserve Julien Blaine, la découverte d´un jeune performeur comme Dominiq Jenvray et des in-votos de Josée Lapeyrère, légères structures de mots jouant avec le vent, et la phrase si singulière d´Hubert Lucot. Il sera aussi beaucoup question des revues à travers le travail de Blaine et de Do(c)ks, de Jean-Marie Gleize et de Nioques, des trente ans de la revue Po&sie de Deguy (à la création de laquelle participa Alain Duault), de l´aventure de Digraphe que dirigeait Jean Ristat que je suis particulièrement heureux d´accueillir cette année car je le lis avec passion depuis 1967. Ristat et son génie du titre (La Perruque du vieux Lénine, Le lit de Nicolas Boileau et de Jules Verne, Du coup d´état en littérature), son dandysme baroque, ses machines célibataires. Il y aura aussi des éditeurs de la Région Centre (PoeÏen, Colodion, Lume…), la magnifique exposition de Mail Art que nous offre Julien Blaine, un espace nouveau réservé aux livres d´artistes… mais, vous savez, je suis déjà en train depréparer 2008. Je voudrais trouver comment réussir un hommage à Jude Stefan, un autre à Venaille, à Domique Fourcade, retrouver Jean-Paul Michel et William Blake and Co, célébrer la renaissance d´Al Dante, inviter le poète performeur chinois Ma Desheng et rendre hommage aussi à un jeune poète nomade qui s´appelle Michel Butor.

Q : Encore un mot ?
HENRI RONSE : Oui, pour dire que j´ai veillé personnellement à ce qu´un livre soit présent en nombre cette année, qui n´était pas encore paru lors du salon de Nohant 2006 : CHAOS de Franck Venaille. Bouleversant.


propos recueilli par Laurent Cauwet.



NOHANT DANS LES JARDINS DE MADAME GEORGES










FESTIVALS DE POESIE ET DE PERFORMANCES






CAHIER DETACHABLE